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Le blog de Joël Chatain - écrivain

Tous mes livres forment le cycle "Pièces pour un manteau de roses"

Comment tout a commencé...

Comment tout a commencé...

A l'école du paysage de Versailles, il y a eu le projet d'un voyage d'étude à New Delhi. Il y a eu une sélection. On était quatre partants et on n'est pas parti. D'autres ont eu la place. On ruminait notre amertume dans les couloirs de l'école.

Et puis, affiché sur le mur, un courrier étrange. C'était une lettre qu'avait reçu le grand-père de tous les paysagistes, Jacques Simon et qu'il avait mis là, ne voulant pas la taire, ni s'en encombrer. C'était le courrier d'une agronome roumaine qui demandait à Jacques Simon l'envoi de ses revues Espaces Verts pour étoffer la bibliothèque de son institution après la parenthèse désenchantée de la fin de règne de Ceausescu. Simon lui avait envoyé ses revues, jadis, et elle pensait qu'elle existait encore. Il y avait un nom exotique, l'adresse ne l'était pas moins, et un numéro de téléphone. On s'est dit que c'était pour nous, que le ciel nous tendait une perche à saisir. On a téléphoné en Roumanie avec un vieux téléphone à cadran qui roule et je me vois encore le faire une dizaine de fois avant que cela ne décroche. On nous a écouté...

La suite, c'est qu'un rendez-vous s'est monté à l’ambassade de Roumanie avec Ascanio Damian, un grand architecte roumain qui avait suffisamment de stature pour ne pas cautionner le régime dans ses grandes envolées de la systématisation. Il y a eu des péripéties, deux copains ont lâché l'éponge. Steven et moi avons continué et ce devait être un échange d'étudiants, Erasmus avant l'heure. Steven est allé chez les paysagistes d'un institut lié aux parcs et jardins "Proiect Bucuresti", et moi, avec les architectes de l'institut d'urbanisme "Urban proiect". Nous logions chez les agronomes, à l'écart, vers l'arc de triomphe, et c'était un réel plaisir de remonter le grand boulevard Kisseleff dans la nuit, l'âme éthérée de tsuica, avec l'impression de fouler le monde familier et étrange que nous avions désiré et gagné. Sur le bâtiment, une large bannière en français était étalée : "Bienvenue aux étudiants étrangers".

Il y avait des zaïrois mis dans la neige par Mobutu parce qu'ils n'avaient pas été assez sages, c'étaient leurs mots ! Le premier soir, je leur ai donné des chaussettes contre une bière décapsulée avec les dents, j'écoutais RFI, tout prenais une telle dimension... il y avait aussi un couple pakistanais avec leur bébé. Ils cherchaient du riz désespérément et semblaient complétement égarés. Ils n'avaient pas la bonne humeur des étudiants zaïrois ! On restait peu dans notre chambre. C'était plutôt un camp de base. Tout était dans les instituts...

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